Quotidienne

Ivan Illich : « L’eau est le sang qui nourrit »

Pour aller plus loin dans la problématique de l’eau en ville, le 1 vous suggère ces bonnes feuilles de H2O, les eaux de l’oubli, du philosophe Ivan Illich, grand penseur de l’écologie politique. 

Ivan Illich : « L’eau est le sang qui nourrit »

En 1984, un groupe d’habitants de Dallas contacte le philosophe Ivan Illich pour l’interroger sur l’opportunité de créer un lac à l’emplacement d’un quartier central. Ivan Illich (1926-2002), considéré aujourd’hui comme un pionnier de l’écologie politique, se rend sur place pour une conférence. Il en tire un essai qui prend les contours d’une profonde méditation sur l’eau dans la ville : H2O, les eaux de l’oubli (éditions Terres urbaines, 2020, réédité chez Folio en 2022). Le 1 en publie les premières pages, pour prolonger la lecture du numéro « Une France sans eau ? ». 

 

 

L’HISTORICITÉ DE LA « MATIÈRE »

Qu’en est-il de la beauté intrinsèque de H2O ? Pour apporter son concours au débat sur le projet du lac, le Dallas Institute of Humanities and Culture nous a invités à nous pencher sur « l’eau et les rêves » dans la mesure où ils contribuent à faire « fonctionner la ville ». L’Eau et les rêves – on aura reconnu là le titre de l’œuvre de Gaston Bachelard, parue il y a plus de quarante ans (1). Dans cet essai, le philosophe analyse les images que nous nous faisons de la substance dite « eau », cette « matière » dotée d’une forme par notre imagination. Je poursuivrai donc dans la voie explorée par Bachelard, qui distingue la « matière » de sa forme, en examinant le lien que crée l’imagination, entre deux sortes de réalité concourant à faire une ville : l’espace urbain et l’eau municipale. Le mariage entre l’eau et l’espace peut s’explorer à deux niveaux. Le premier, c’est celui de la forme. À ce niveau-là, la comparaison se centre sur les caractéristiques esthétiques que l’imagination d’une époque a conférées à l’eau et à l’espace de la ville. Comment ont-ils été perçus et représentés par une époque dans la poésie ou la peinture, la sculpture ou les rêves ? On se pose la question : « Comment l’art baroque a-t-il employé et montré l’eau ? », et non pas : « Qu’était l’eau, pour la mentalité de l’époque ? » À ce premier niveau, l’eau en soi n’a pas d’histoire ; puisque « au commencement la terre était vague et vide », l’eau était H2O. Selon cette hypothèse, partout dans le monde les récits de la cr

01 September 2022
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