Hubert Beuve-Méry avait son idée pour évoquer la difficulté d’informer. « Le Monde coûte son prix plus l’effort pour le lire », observait le fondateur du grand quotidien du soir. En choisissant de terminer cette année 2022 sur l’information – pourquoi est-elle malade ? pourquoi nous rend-elle malade ? –, nous avons voulu nous arrêter sur ce qui fait le cœur de notre métier, et plus singulièrement encore la raison d’être du 1 hebdo : proposer une information « qui permet de réfléchir », comme le soulignent dans le grand entretien David Medioni et Guénaëlle Gault, coauteurs d’une passionnante étude sur la fatigue informationnelle. Proposer aussi une information qui incite à agir. Une information qui serait exacte, sincère, nuancée, approfondie, mais aussi inspirante, et parfois – pourquoi pas ? – étonnante, amusante, sidérante (mais point trop n’en faut dans le divertissement ou le spectaculaire…).

3 % seulement des 13-17 ans lisent la presse écrite

Si la question de « l’infobésité » continue de se poser avec acuité au seuil de cette nouvelle année, c’est que les canaux de diffusion n’ont jamais été aussi nombreux, chaque Français en utilisant en moyenne 8,3, avec une prédilection appuyée chez les jeunes pour les réseaux sociaux, quand la presse écrite, dont nous tentons de maintenir vivace le flambeau, est rejetée très loin dans les usages (3 % seulement des 13-17 ans la lisent pour s’informer et se forger leur opinion).

Comment s’informer sans éprouver un sentiment de défiance ? Comment ne pas démissionner face à une information surabondante tenue pour suspecte ou inintéressante, au point de vouloir s’en prémunir ? Il est inquiétant de voir qu’une partie des citoyens, à l’occasion d’événements importants de la vie publique (une pandémie, une élection présidentielle), choisissent de se mettre en retrait pour ne plus s’exposer à une info souvent polarisée, de parti pris ou décourageante. Au point de bloquer les notifications sur leur téléphone portable ou de ne plus regarder le journal télévisé. Au risque parfois d’être par trop réceptifs aux récits complotistes, tellement simples et rassurants à comprendre.

La deuxième feuille de ce numéro, mettez-la illico entre les mains de vos ados. Ce texte inédit de Bruno Patino, président d’Arte et auteur de La Civilisation du poisson rouge (Grasset, 2019), est une analyse limpide et pénétrante, adressée aux jeunes, sur la nécessité de (bien) s’informer. On y trouve des ressorts stimulants pour retrouver le goût de l’information. L’envie inlassable de savoir, de comprendre un monde toujours plus complexe, inquiétant mais aussi passionnant. Le nôtre. 

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